tales from the shore — contexte.

The Northern Echo | North York Moors news.
Saltburn-by-the-Sea. Depuis le début du mois et ce que l’on appelle désormais chez les locaux l’Apparition, une étrange effervescence semble s’être emparée des rues pavées de la petite bourgade. Le calme, autrefois troublé uniquement en période estivale par les quelques touristes qui s’aventurent dans nos contrées, est un souvenir lointain pour les habitant·es. Amateurs d’histoires à dormir debout, investigateurs du paranormal et autres passionnés de fantômes, se pressent jusqu’ici, avec l’espoir d’assister, elles et eux aussi, à un phénomène hors du commun. Mais parmi les résident·es, les avis sont plus modérés ; on s’interroge parfois même sur ce qui anime ces nouveaux venus aux tenues bigarrées et aux équipements excentriques. Pourtant une chose est certaine : on n’a pas vu la ville si agitée depuis bien longtemps.

Au Captain Cook, le pub local, l’article du jour passe de main en main. A l’heure du café, c’est ici que l’on se retrouve pour échanger les dernières nouvelles. Les marins viennent y faire leur pause au retour de la pêche, tandis que le reste de la ville s’éveille, et avec elle les habitant·es qui s’accordent un instant avant de poursuivre leur journée. Les nappes de brouillard matinal qui sinuent dans les ruelles se lèvent peu à peu, les rideaux s’ouvrent pour laisser entrer les premiers rayons, les langues se délient. Toutes et tous y vont de leur petit commentaire, et il faut admettre que les derniers événements ont le mérite de les faire parler. Il y a celles et ceux qui y croient dur comme fer, et les autres qui n’ont même pas envie d’en entendre parler. Ceux qui y voient une opportunité pour le village, et ceux qui regardent d’un mauvais œil les nouveaux visiteurs. « Moi je vous le dis : les bateaux fantômes, ça n’existe pas. Cette bande de gosses a eu une hallucination, c’est tout. Et qui nous dit qu’ils n’étaient pas saouls ? » entend-on d’un côté du bar. « J’en sais rien, mais en tous cas, c’est bon pour les affaires », finit par lâcher la patronne, lançant un regard en coin au couple de touristes installés en terrasse. « C’est quand même pas la première fois qu’on entend parler d’une apparition dans le port, et vous le savez bien. Ne soyez pas médisants » conclut quelqu'un, plus loin.

A Saltburn-by-the-Sea, on vogue sans cesse entre deux mondes : l’océan aux couleurs changeantes d’un côté, la lande couverte de bruyère de l’autre. Les vagues lèchent nos pieds, et avec elles s’invitent les histoires de pirates, de sirènes et de trésors enfouis. Ici, les légendes sont vivaces, murmures qui se répandent comme le souffle marin à travers les allées. Elles sont de celles que l’on raconte aux enfants pour leur faire peur, que l'on récite au coin du feu en une après-midi pluvieuse. De celles dont on sait, aussi, qu’elles ne sont que des histoires, transmises de génération en génération comme un précieux sacerdoce. Dont on savait. Aujourd’hui, avec ce que l’on appelle pudiquement l’apparition, le doute s’installe et les esprits s’agitent.
Bienvenue à Saltburn-by-the-Sea, où il aura suffi d’une ombre diaphane planant sur les flots pour électriser tout un village.